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NOTES DE REPRISE ET RE-CREATION

Créé en 2014–2015, Kant – trans­mé­dia pour la jeu­nesse fut une œuvre pion­nière mêlant spec­tacle vivant, holo­grammes, magie, réa­li­té vir­tuelle et par­cours inter­ac­tif via QR codes. Ce pro­jet, à la croi­sée des récits cos­mo­go­niques et des tech­no­lo­gies immer­sives, pro­po­sait une expé­rience glo­bale en trois volets : une per­for­mance scé­nique, une ins­tal­la­tion VR indi­vi­duelle, et un par­cours numérique.

Mal­gré les contraintes tech­niques et les usages encore émer­gents à l’époque (QR codes peu répan­dus, réa­li­té vir­tuelle confi­den­tielle), Kant a connu une belle dif­fu­sion. Plus de 100 repré­sen­ta­tions ont été don­nées sur cinq sai­sons dans des scènes natio­nales et des CDN, mal­gré la com­plexi­té du dis­po­si­tif. Les tech­no­lo­gies d’alors, bien que nova­trices, limi­taient cepen­dant la flui­di­té de l’expérience et l’appropriation par cer­taines structures.

Ce pro­jet a pro­fon­dé­ment trans­for­mé ma manière d’écrire et de pen­ser le spec­tacle. Il a posé les bases d’une nar­ra­tion trans­mé­dia, capable de pro­lon­ger le pro­pos au-delà de la scène, et a ins­pi­ré les créa­tions sui­vantes, telles que To like or not et Cra­ri or not, pen­sées dès leur concep­tion dans une dyna­mique de cir­cu­la­tion fluide entre les for­mats, les espaces et les publics, avec une atten­tion par­ti­cu­lière por­tée à la média­tion culturelle.

Aujourd’hui, avec le recul, l’évolution des tech­no­lo­gies et des usages, une reprise de Kant devient non seule­ment envi­sa­geable, mais nécessaire.

Les outils numé­riques ont gagné en acces­si­bi­li­té et en matu­ri­té : la chambre de Kris­tof­fer peut désor­mais être repen­sée pour accueillir huit spec­ta­teurs simul­ta­né­ment en réa­li­té vir­tuelle, dans une ver­sion enri­chie du récit, plus fluide, plus immer­sive, et tech­ni­que­ment plus robuste. Le Laby­rinthe cos­mo­go­nique trou­ve­ra lui aus­si une nou­velle forme, en réa­li­té aug­men­tée, s’appuyant sur les œuvres pic­tu­rales de Patrice Mar­chand et sur un tis­sage de nou­veaux récits cosmogoniques.

Cette recréa­tion ouvre aus­si la voie à un impor­tant volet par­ti­ci­pa­tif : des ate­liers cos­mo­go­niques (films, stop motions, pod­casts…) menés avec des élèves per­met­tant d’enrichir le dis­po­si­tif QR code, pro­lon­geant l’univers du spec­tacle tout en favo­ri­sant l’appropriation par les publics.

Ce pro­jet me tient par­ti­cu­liè­re­ment à cœur. Il est le fruit d’une intui­tion venue trop tôt – tech­ni­que­ment, cultu­rel­le­ment, ins­ti­tu­tion­nel­le­ment – mais qui trouve aujourd’hui un ter­rain pro­pice à son épa­nouis­se­ment. Dans un contexte où les récits hybrides, l’interactivité et la trans­ver­sa­li­té entre les dis­ci­plines sont mieux com­pris et mieux accueillis, Kant peut enfin déployer toute sa puis­sance poé­tique, immer­sive et collective.

Les thé­ma­tiques et les formes de cette créa­tion sont, pour moi, essen­tielles aujourd’hui. Créer des spec­tacles à forte esthé­tique visuelle, por­tés par une écri­ture musi­cale puis­sante et des phrases simples mais phi­lo­so­phiques, c’est une manière de semer chez les jeunes géné­ra­tions des images et des pen­sées fon­da­trices, à un âge où tout se construit.

Émi­lie Anna Maillet