La Fondation de Narnia

Extrait des Chro­niques de Nar­nia, Le Neveu du magi­cien, de C.S Lewis.  ed. Gal­li­mard, pp 62–73.

Au cœur des ténèbres, il se pas­sait enfin quelque chose. Une voix s’éleva, une voix très loin­taine. Les notes les plus basses étaient assez pro­fondes pour être le chant de la terre. Il n’y avait pas de paroles. On dis­tin­guait à peine une mélo­die. Un nombre infi­ni de voix s’éleva pour rejoindre la pre­mière et for­mer un chœur har­mo­nieuxLes étoiles et les voix avaient sur­gi exac­te­ment au même moment, comme si c’était les étoiles qui chan­taient sous la direc­tion de la Voix prin­ci­pale, la voix basse. Au loin, près de la ligne d’horizon, des sil­houettes de col­lines noires se dessinaient.

Sou­dain, au moment même où la Voix sem­blait croître pour atteindre sa note la plus puis­sante et la plus glo­rieuse, le soleil appa­rut. On décou­vrit alors un pays entiè­re­ment neuf.

Un lion immense, lumi­neux, chan­tait la gueule grande ouverte. Le lion allait et venait sur cette terre vide en pour­sui­vant un nou­veau chant, plus doux et plus ryth­mé. A mesure qu’il se dépla­çait au rythme de cette mélo­die déli­cate et flot­tante, la val­lée se recou­vrait d’une herbe ver­doyante qui jaillis­sait sous ses pas. Une ran­gée de sapins verts sur­git à quelques mètres, ils étaient liés à une série de notes basses conti­nues que le lion venait d’émettre.

Par­tout, la terre gon­flait en mon­ti­cules de tailles variées, jusqu’au moment où ils explo­saient, et de cha­cun sur­gis­sait un ani­mal. Les chiens aboyaient dès qu’ils avaient la tête libé­rée. Les cerfs étaient les plus curieux à voir, car leurs bois émer­geaient du sol bien avant le reste du corps. Des myriades d’oiseaux jaillis­saient des arbres. Mais le moment le plus extra­or­di­naire fut celui ou le plus gros des mon­ti­cules explo­sa, comme un petit trem­ble­ment de terre, et l’on vit émer­ger un dos arron­di, une tête énorme, pleine de sagesse, et quatre pattes à la peau lour­de­ment plis­sée : un éléphant !

Alors pour la pre­mière fois le Lion se tut. Il s’immobilisa, et toutes les créa­tures s’approchèrent pour for­mer un large cercle autour de lui. Enfin la voix la plus pro­fonde et la plus sau­vage qu’ils aient jamais enten­du pro­non­ça ces paroles :

_ Nar­nia, Nar­nia, Nar­nia, réveille-toi. Aime. Pense. Parle. Que les arbres marchent. Que les bêtes parlent. Que les eaux divines soient.

aslan narnia
Le Lion Aslan, dans l’a­dap­ta­tion ciné­ma­to­gra­phique des Chro­niques de Narnia.

=================
QUIZZ
=================

1. Le lion fait appa­raître le monde de Narnia :