JOUER AVEC LES MOTS grâce à Shakespeare

2è ATELIER AVEC MARION SUZANNE > COLLEGE ANNE FRANCK > ÉLÈVES D’UP2A de Marie Roche

Jouer avec les mots grâce à Shakespeare…

Petru­chio. Bon­jour, Cateau ; car c’est votre nom, m’a‑t-on dit.
Catha­ri­na. Vous avez enten­du, mais un peu de tra­vers ; ceux qui parlent de moi me nomment Catha­ri­na.
Petru­chio. Vous vous trom­pez, sur ma parole : car on vous appelle Cateau tout court, la bonne Cateau, et par­fois la har­gneuse Cateau, mais enfin Cateau, la plus jolie Cateau.(…) Cateau de la halle aux gâteaux, ma friande Cateau, car qui dit gâteau dit frian­dise. (…) J’ai été por­té à te recher­cher pour femme.

Et encore
Catha­ri­na., Les ânes sont faits pour por­ter, et vous aus­si.
Petru­chio. Les femmes sont faites pour por­ter, et vous aus­si.
Catha­ri­na. Je ne suis pas la rosse qui vous por­te­ra, si c’est moi que vous avez en vue.
(…)
Petru­chio.  Allons, allons, ma guêpe, vrai­ment, vous vous irri­tez trop.
Catha­ri­na.  Si je tiens de la guêpe, gare à mon aiguillon !
Petru­chio. J’en serai quitte pour l’arracher.
Catha­ri­na. Oui, si un imbé­cile est capable de trou­ver où il est !
Petru­chio.  Qui ne sait où la guêpe porte son aiguillon ?  Au bout de son cor­sage !
Catha­ri­na. Au bout de ses lèvres !
(….)
Petru­chio.  Mes lèvres trou­ve­raient vite le vôtre ! Allons, reve­nez, je suis un gen­til­homme.
(…)
Catha­ri­na. Quel est votre cimier ? une crête de coq ?
Petru­chio. Un coq sans crête, pour­vu que Cateau soit ma poule.
Catha­ri­na. Je ne veux pas de vous pour mon coq ; vous chan­tez trop comme un chapon.

On se dit qu’avec des élèves qui n’ont pas encore acquis le fran­çais, le tra­vail sur les jeux de mots et les noms d’oiseaux, ça va pas être simple. Marie nous annonce que l’ambiance de la classe est un peu ten­due, qu’il y a des dis­putes. Bon, soit le sujet leur per­met de prendre un peu de dis­tance, soit on jette de l’huile sur le feu.
Elle a com­men­cé à déchif­frer le texte avec eux avant notre arrivée.

On démarre en expli­quant que se cher­cher un peu que­relle en lan­çant des piques, ça n’est pas for­cé­ment parce qu’on se déteste. Ils ont com­pris que ça pou­vait être aus­si une forme de « drague », on explique le mot et on se lance à la recherche de « paro­no­mases » — sans employer le mot bizarre bien sûr – juste on tra­vaille sur les sono­ri­tés et on cherche des mots : drague, dra­gon, dégra­der, ce genre de choses. On écrit ce qu’on peut au tableau, ça fuse dans tous les sens et avec tout ça, on essaye de faire des phrases mar­rantes, ryth­mées, avec des doubles sens. Ça marche incroya­ble­ment bien, on n’a même pas le temps de tout noter, on efface, on repart. 

On joue ensuite avec leurs propres pré­noms. C’est un peu dan­ge­reux mais ça se passe très bien, ils ont com­pris le plai­sir ryth­mique de la vanne, son côté ludique et le pur exer­cice de style. S’il y a un sou­ci et que l’un d’entre eux est bles­sé, il peut tou­jours faire le signe du temps mort de l’arbitre qui signi­fie « je joue plus, ça ne me fait plus rire » . mais per­sonne ne l’utilise.
On essaye ensuite le prin­cipe de la « bat­tle » de vannes. On fait deux groupes. On enre­gistre. A l’oral, debout et de façon moins col­lec­tive – il faut s’avancer — pour prendre la parole, c’est un peu plus com­pli­qué. Mais cer­tains maî­trisent déjà par­fai­te­ment le prin­cipe de la drague /vanne mal­gré la dif­fi­cul­té lin­guis­tique. On enre­gistre quatre ou cinq ten­ta­tives mais on n’insiste pas trop.

Puis on revient sur le tra­vail de la semaine pré­cé­dente, un peu long à expli­quer…. ça sera pour une autre fois.
On enre­gistre aus­si quelques chan­sons. Moha­med qui ne pos­sède pas encore bien le fran­çais connaît des mor­ceaux de rap dans un fran­çais fina­le­ment assez sou­te­nu, son « flow » est incroya­ble­ment véloce. Ah ! quand on aime, la mémoire fait des mer­veilles ! Dunia nous chante aus­si Don­na Sum­mer, j’ai les larmes aux yeux.

On a bien travaillé

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